Lou Tresor dóu Felibrige - page 9

LOU
TRESOR
DOU
FELIBRIGE
ou
DICTIONNAIRE
PROVENÇAL-FRANÇAIS
ò
<>
A
A,
s. m.
A,
première lettre de l'alphabet.
Sur les
monnaies,
elle désigne
l'atelier
mo¬
nétaire
d'Avignon.
S
au
pire
ni A,
ni B,
ne
savoir ni A ni B.
Dans
le
provençal
ancien, la lettre
et
le
son
a
caractérisaient"
lés
désinences
féminines
:
arma, armas,
'dona, clonas, terra, terras.
Aujourd'hui l'a final
est
remplacé
par.o
dans
la
plus
grande partie
du domaine
de la
langue
d'Oc. Il
persiste dans
quelques
régions des Al¬
pes,
à
Nice,
à
Montpellier, dans le Velay, la
haute
Auvergne,
le
Roussillon
et
la Catalo¬
gne.
Il
est
remplacé
par e, en
Béarn
et
sur
le
littoral du
golfe de
Gascogne. Cependant V.
Lespy
(Grammaire
béarnaise) déclare
que
l'e
final
se
prononce comme un o
doux. La
trans¬
formation de l'a final
en o
apparaît dans les
documents
écrits
au
'15° siècle. Voir à la lettre
O
pour
plus
de détails
à
ce
sujet.
En
Dauphiné
et
en
Périgord,
le
singulier
a
pris l'o final,
et
l'a
primitif
s'esfeonservé
au
pluriel
:
la
torro, las terras
ou
las terra,
la
messo,
las
messas ou
las
messa.
Il
est
des
provinces, telles
que
le
Limousin,
le
Querci,
le
Rouergue,
l'Auvergne, le Viva-
rais
et
le
Dauphiné,
la voyelle
a,
même
dans le corps
des
mots,
prend
généralement le
son
de l'o
:
carra,
corra,
carnaval,
corno-
bal,
rasounara,
rosounorô,
via,
mo.
Dans
ces
provinces,
l'a étymologique
n'est
prononcé
que
lorsqu'il
porte
l'accent tonique,
et
encore
cette
règle
est
sujette
à
de nombreuses
excep¬
tions. Mais les
auteurs
qui écrivent
dans
ces
dialectes doivent éviter
d'exprimer
par
l'écri¬
ture
ce
vice de
prononciation qui
est
particu¬
lier,
comme
on
le voit,
aux
régions
monta¬
gneuses
et
froides
du
Midi.
.
Dans le bas
Languedoc, l'a
tonique
se per¬
mute
quelquefois
avec e : mar, mor, pas,
pès,
rable, reblo.
En
Béarn, l'a devient
e
dans
le
corps
de
cer¬
tains
mots
:
sacra,
segra,
pescadou,
pesque-
dou,
ainsi
qu'aux
désinences féminines
:
terra,
terre,
barca,
barque.
A
Tarascon-sur-Rhône,
l'a
final affecte gé¬
néralement
l'intonation
è
:
manja, manjè,
crida, cridè.
En
Provence
et
en
Languedoc,
l'a s'emploie
souvent
pour e
dans l'intérieur des
mots
:
ferra, farra,
fiela, fiala,
samena, samena.
a
final
est
le
signe
caractéristique
de l'in¬
finitif
des
verbes
de la
première conjugaison
:
ama,
canta,
trouba.
La
lettre
r,
qui termi¬
nait autrefois
l'infinitif,
ne se
prononce
plus
que
dans
certaines
parties
des Alpes
et
dans
le
département de la Drôme.
La terminaison
française
er
apparaît dans la haute Auver¬
gne."
a
final,
en
Provence,
Velay,
Auvergne et
Limousin, caractérise
aussi
le participe passé
de la
même
conjugaison
: ama,
ado,
canta,
ado, trouba, ado. Dans les
autres
provinces
du
Midi,
on
prononce
amat,
ado,
cantat,
ado,
troubat,
ado. En
Dauphiné,
a
final caractérise
le
participe
passé
pour
les
deux
genres;
ainsi
trouba, dans
ce
dialecte,
signifie
trouver,
trouvé
et trouvée.
a
final
indique
la
personne
du futur
singulier
:
raubara, il volera,
vendra, il vien¬
dra, dira,
il dira,
qui deviennent
raubarò,
vendrò,
dirà,
en
Limousin, Auvergne,
liouer-
gue
et
nord-ouest de l'Hérault.
a
final,
en
Béarn
et
Catalogne,
indique
aussi
la
3° personne
du passé
défini
de
la 1"
conjugaison
:
canta, il chanta,
ana,
il alla.
Dans
le
reste
du Midi
on
dit
cantè, cantèc
ou
cantèt,
anè, anèc
ou
anet.
ac,
at, suffixe
particulier à
un
grand
nombre
de
localités du sud-ouest de la France
et
qui représente
probablement la désinence
latine
atum,
par
la permutation du ienc qui
est
très
fréquente
en
Gascogne
(bournae
ou
bournat, ruche
;
patac
ou
patat,
coup
;
amie
ou
amit,
ami). Ainsi Alairac
(Aude),
Alley-
rat
(Corrèze)
;
Sauvagnac (Charente), Sau-
vagnat (Puy-de-Dôme)
;
Mauriac (Gironde),
Mauriat
(Puy-de-Dôme). L'idenkté
des
suf¬
fixes
ac,
at,
est
évidente dans
Cognac (Cha¬
rente)
et
Condat
(Cantal), qui dérivent
tous
deux
du latin
condatum, confluent.
ado, terminaison
qui
indique
un
subs¬
tantif,
un
adjectif
ou un
participe
passé fémi¬
nins:
meinado,
pelado, passado. Mais
dans
la
haute
Provence
on
dit
meinaio,
pelaio,
passaio,
et
en
Dtaphiné
meina, pela,
passa.
Dans le haut
Languedoc les substantifs
en
ado
prennent
fréquemment la forme masculine
:
brassado,
brassat,
jounchado,
jounchat.
âge,
atge,
atye,
suffixe
qui
représente
la
désinence
latine
aticus, aticum. Exem¬
ples
:
arrage
(erraticus), sóuvage (sylva-
ticus)-,
aglanage (glandaticum).
cigno,
désinence de
substantifs féminins
qui
désigne
rapport,
ensemble, généralité,
quantité
ou
besoin
pressant
:
mountagno,
pourtagno, poustagno, pissagno.
ai
,
diphthongue qui
se prononce
aï,
d'une émission de
voix, devient ei
en
Provence,
lorsqu'elle
perd la
tonique
:
ainsi aigo,
aigre,
paire, faisso, produisent les dérivés eiga-
gno,
eigreto,
peirin,
feisset.
ato,
alho, désinence de substantifs
fé¬
minins
qui exprime
une
idée de collectivité
ou
de
dépréciation
:
poulaio
ou
poulalho, tri-
paio
ou
tripalho,
capelanaio
ou
capola-
nalho.
aire,
terminaison de substantifs
ou
ad¬
jectifs
verbaux
désignant celui qui fait l'action
marquée
par un
verbe
de la 1™ conjugaison
:
cantaire,
chanteur, de canta,'chanter,
acam-
paire,
amasseur,
de
acampa, amasser.
Le
féminin
des
mots
en
aire
est
en
arello, airis
ou
airo
:
ainsi
cantaire,
acampaire,
font
cantarella,
acamparello
,
ou
cantairis,
acampairis, dans
la
Provence
centrale
et
le
Dauphiné,
ou
cantairo,
acampairo,
en
Lan¬
guedoc,
Gascogne
et
comté
de Nice.
am, an,
deviennent
souvent
om, en,
au
commencement
des
mots
:
ambicioun,
embicioun,
anguielo, enguiolo, angouisso,
engouisso.
an,
désinence de collectivité
:
fihan, fe-
melan,
fedan,
garban, nivoulan. Elle existe
en
catalan
avec
la forme
am:
brancam,
mu-
lam,
postam.
an
final
désigne la lr°
personne
de l'in¬
dicatif
pluriel des verbes de la
1™ conjugai¬
son :
esperan,
nous
attendons], estuaian,
nous
étudions,
qui
se
prononcent
osperam,
estudiam,
en
Gascogne
et
Béarn.
an
final
désigne la lr"
personne
de l'im¬
pératif pluriel
des 2"
et
3e
conjugaisons, dans
le
Languedoc,
l'Auvergne, le Limousin
et
la
Gascogne
:
courran, courons,
fasan,
fesons,
began,
buvons,
vendan, vendons. En
Pro¬
vence on
dit
:
courren,
fasen,
beguen,
ven-
den.
an,
terminaison de la 3" p'ersonne
du plu¬
riel du
futur,
devient
au ou
òu,
en
Castrais,
Limousin
,
Iîouergue
et
nord-ouest de l'Hé-
1,2,3,4,5,6,7,8 10,11,12,13,14,15,16,17,18,19,...2382
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