Lou Tresor dóu Felibrige - page 1603

N
N
s.
m.
N,
quatorzième
lettre de l'alphabet
que'l'on
épelle
en
provençal
ène
ou
èno (esp.
ene,
it.
cnne).
A la
fin des
mots
les Provençaux
la
prononcent
à
la
française, c'est-à-dire
avec
un
son
nasal,
et
les
autres
Méridionaux
à
l'es¬
pagnole,
c'est-à-dire fortement.
Un
grand N,
un
N majuscule.
En
Languedoc, Gascogne, Roussillon,
Béarn,
Limousin
et
Dauphiné,
l'n tombe à la fin
des
mots
:
ainsi
pan,
man,
bèn,
sen,
fin, camin,
bon,
peiroun,
passioun,
coumun,
y
de¬
viennent
pa,
ma,
be,
se,
fi,
cami, bo, pei-
rou,
passièu,
coumu.
En Béarn
et
Gascogne et
dans
les
environs
de
Grasse, l'n tombe même dans
le
corps
des
mots
;
ainsi
paniè, parsouniè, cadeno,
gas-
couno,
uno,
luno,
y
deviennent paè,
par-
souè,
cadeo,
gascouo,
uo,
luo.
Les
Portugais
disent de mêmecoroo pour corona.
En
Lan¬
guedoc
on
dit mànjou, disou,
tènou,
pour
manjon, dison,
tenon,
anèrou,
diguè-
rou,
pour
anèron,
diguèron,
disièu,
sourti'eu,
pour
disien, sourtien.
Les
philo¬
logues
appellent
cet
n
«
\'n
instable
».
N
se
permute
avec
l
:
nouma,
louma,
fe-
netra,
feletra,
esvani,
esvali,
nanet,
la-
net.
N
se
permute
avec
m
:
Nicoulau, Micou-
lau,
necho, mecho\ nembra,
membra,
ner-
to,
mirto,
nito,
mito.
N
se
permute
avec
r
:
manche,
margue,
escumenja,
escumerga,
doumcnge,
dou-
mçrgue,
valengo, valergo, mounjo,
mour-
go,
messonjo,
messorgo.
Dans
le
Briançon-
nais
on
dit
uro,
bouero,
reirard,
pour uno,
boueno, reinard.
A
Marseille, à Nice,
l'n
devient
i
au
pluriel
des
adjectifs
qui précèdent le
substantif
:
de
bouei
moussèu,
de
pichoui
det,
pour
de
bouen
mouss'eu,
de pichoun det.
En
Languedoc
et
Limousin,
l'n s'intercale
souvent
dans le corps
des
mots
devant les let¬
tres c,
l
ou s :
roucas, rouncas,
afica,
afin-
ca,
roula,
rounla,
espalo, espanlo, amelo,
amenlo, mole,
mounle,
roussa,
rounsa.
L'n
est
fréquemment
employé
en
prosthèse:
austrau,
noustrau, aut,
naut,
oie,
noie,
ounte,
nounte.
Les
Limousins
disent
même
nempourta,
nentreina,
pour
empourta,
en-
treina.
L'n
se
mouille
quelquefois,
particulière¬
ment
en
Gascogne
:
grano, gragno,
piano,
plagno.
N', dans la
basse
Provence,
s'emploie
pour
nous,
devant
une
voyelle
:
n'avié di,
n'en-
lourdisse,
pour
nous
aviê di,
nous
enlour-
dis.
N'
s'emploie
pour ne
devant
une
voyelle
:
n'ai,
j'en
ai
;
n'en v'ene,
j'en viens
;
n'es,
il
en
est
;
n'es
pas
verai,
ce
n'est
pas
vrai,
v.
ne.
'N
s'emploie
pour
en
après
iè, i
ou
li
:
n'iè
'n
fau,
n'i'n
fau, li
'n fau, il lui
en
faut,
v.
en.
'N
s'emploie
pour un
après
un
verbe
ter¬
miné par
a,
par
è
ou
par
i
: ama
'n
ome,
ai¬
mer
un
bomme
;
avé 'n
oustau, aAoir
une
maison
;
legi
'n
libre,
lire
un
livre.
Dans
l'ancien
provençal
N
s'employait
pour
En
ou
pour
Na
devant
un
nom
propre
com¬
mençant
par
une
voyelle.
Ainsi
on
disait
Nu-
go,
Nalenar
i,
Nagnès,
pour
en
Ugo,
sieur
Ugo,
en
Alengri,
maître
Renard,
na
Agnès,
dame
Agnes.
N
est
la
marque
de l'ancienne
monnaie de
Montpellier.
na, nat
(1.
g.),
ado
(rom.
cat.
nat, it.
na-
to,
lat. natus, cita),
part.
Né,
ée,
v.
nat
plus
usité.
Na de
maire,
né de
mère, mortel,
humain,
sujet
à
la
mort
(vieux).
prov.
Qu
es na
pounchu
pòu
pas
mouri
carra.
na
(rom.
na,
dona,
lat.
domina),
s.
f.
A-
bréviation de
dona,
dame,
que
l'on
mettait,
au
moyen
âge, devant
le
nom
des
personnes
qualifiées.
C'est
le
corrélatif de
en
qui
s'em¬
ployait
pour
les
hommes.
Na
Beatris,
dame
Béatrix
;
na
Rigauda,
madame
Rigaud
;
n'Agnès,
dame Agnès
;
n'Ermessen,
dame Hermissende.
NA(piém. na),
part,
affirm. Oui,
bien,
bon,
en
Auvergne,
v.
o.
Na vient
peut-être de n'a, il
en
a,
il
en
tient.
Na
(nain),
v. nan
;
na
(navet),
v.
nap
;
na
(nez),,
v. nas;
na
(nef),
v.
nau
;
na
pour
ana
(aller)
et
pour anas
(allez),
en
Limousin
;
na
pour
una
(une),
en
Auvergne
:
pèr
na
nou
(pour
une
noix)
;
na
(rom. unas),
plur. lim.
de
uno.
NABA
(mot
indien),
s. m.
Nabab,
v.
catau.
Lou
naba, bèn
que
courajous,
Tenié
pamens
forço
à la
vido.
a.
autheman.
Nabal,
v.
naval;
nabante,
v.
nounanto.
NABAS
(rom. Nabaas,
Navas,
Navars),
n.
de
1.
Nabas
(Basses-Pyrénées).
Nabe
pour
nabo,
novo ;
naberament,
nabè-
ro,
pour
nouvelamen, nouvello,
en
Béarn.
nabet,
navel
(d.), navèu
(m.
rh.),
na-
bèu,
uabèu
(rouerg.),
(b. lat.
navellus),
s.
m.
Navet,
plante,
v.
nap
;
nigaud,
v.
bedi-
gas
;
Naveau,
nom
de fam.
provençal.
Oli de
nabet,
huile de
colza
ou
de
navette
;
soupo
de
nabet,
potage
aux
navets
;
rascla
lou
navèu, faire
maigre
chère
;
croquer
le
marmot,
attendre
;
li
navèu
fin!
cri
des
mar¬
chandes
de
navets
;
navèu-dóu-diable,
bryo-
ne,
plante.
l'a
d'aiet,
de
poumo-de-terro,
De
nabet, de cebo, de
fru.
l.
roumieux.
Fai
toun
camin,
grand
gargamèu,
E
vai-t'en
rascla de navèu.
a.
peyrol.
R. nap.
Nabèt,
èro,
pour
nouvèu,
ello.
nabeto,
naveto
(rh.),
s.
f. Graine
de
na¬
vet ;
pour
navette,
v.
naveto.
R.
nap.
Nabiéu,
nabiou,
v.
naviéu
;
nabiga,
nabiga-
ciéu,
nabigaple,
v.
naviga, navigacioun,
navi¬
gable.
nabinad,
nabinal
(1.),
(rom.
Nabinaus,
Nabinals, Nabinal),
n.
de 1. Nabinaux,
Na-
binals,
Nabinal,
noms
de lieux
en
Périgord
;
Nasbinals
(b.
lat.
Locus
de
Nabilatibus),
ancien
prieuré
du
Gévaudan.
R.
nabino.
NAB1NO
(v.
fr.
nabine,
esp.
nabina,
lat.
napina),
s.
f. Fane
de navet,
feuille
de
rave,
v.
rabissano
;
rave,
v.
rabin.
nabirat
(rom.
Nabirat,
b.
lat.
Ebira-
cum),
n.
de
1.
Nabirat
(Dordogne).
Nabire, nabiri,
v.
navire.
nabis,
s. m.
Collet d'une
plante, partie qui
sépare la
tige de
la
racine,
y.
panouio.
Leva
lou
nabis
d'uno
rabo,
couper
la
fane d'un
navet.
R. nap.
Nabit
pour
abit.
nable
(esp.
nabla,
lat.
nablium, nabluni,
hébr.
nebel),
s. m.
Nable,
psaltérion,
v. sau-
tèri.
Sus
toun
nable
respoumpissènt
As
enaussa
Diéu,
grand
troubaire.
f.
du
caulon.
Sus
lou
nable
d'evòri
en
rimos
siò
virado.
j.
roux.
Conférer
ce
mot
avec
le
rom.
et
cat.
nafil,
esp.
anafil,
clairon
usité
chez
les Maures.
nablo,
ablo
(lat. alba,
blanche),
s.
f.
A-
blette, alburnus
lucidus
(Heckel),
poisson
d'eau
douce, dans
Vaucluse,
v.
brilio,
rava-
nenco,
sôfi.
nabo,
gnabo
(d.),
(savoyard
nabo),
s. m.
Nabot,
bout
d'homme, bambin,
petit
ramo¬
neur,
décrotteur,
v.
cagaioun,
nanet, ta-
bouissoun
;
navet,
en
Gascogne,
v.
nap.
Eli
!
bèn, tè, vole
que
li
nabo,
Li
móussi
de
lerro
e
de
mar,
Quand
dôu lié
l'aubo
te
derrabo,
Te
fagon bano de
coutar.
a.
verdot.
Conférer
ce
mot
avec
l'esp.
nabo,
naba,
rave,
avec
l'ail,
knab,
garçon,
et
avec
le
gr.
enfant.
Nabo
(neuve)
pour
novo.
nabounand,
n.
p.
Nabonand,
nom
de fam.
prov.,
v.
Abounen.
nabouxo,
n.
p.
Nabonne,
nom
de
fam.
béarn.
R.
Narbouno?
Nabout,
naboudet,
v.
nebout,
neboudet;
na-
bra,
v.
nafra.
nabu'codonosor
(rom.
Nabuchodono-
sor,
Nabuscodonozor),
n.
p.
Nabuchodono-
sor.
nac,
nag,
contract. gasc.
de
noun
ac, non
le
;
nag
an
pas
boulut
hè, ils
n'ont
pas
voulu
le faire
;
nag
bout
he,
je
ne
veux
pas
le
faire.
Nac
(auge),
v.
nauc.
nacarat
(esp.
nacarado),
s.
m.
Nacarat,
rouge
clair,
v.
rouginèu.
Un
capèl de
velous
nacarat.
a.
azaïs.
R.
nacre.
nacello
(esp. nacella,
it.
navicella,
b.
lat.
nacella,
naucella),
s.
f.
t.
littéraire.
Nacelle,
v.
barquet, nègo-chin.
Estant dins
la nacello.
a.
gaillard.
M'envau dounc
revira la velo
E
vers
un
autre
bord
diregi
ma
nacello.
h.
morel.
R.
nac,
nauc.
Nach
pour
nais (il
naît),
nasche,
v.
naisse
;
nachenço,
v.
neissènço
;
nacholo, nachoro,
v.
nichoulo.
nacioun,
nacien
(m.),
nacléu
(1.
d.),
(rom. nacio,
nassio, natio,
naision,
cat.
nació,
esp.
nacion,
it.
nazione,
lat.
natio,
onis),
s.
f.
Nation,
v.
pople.
La nacioun
-prouvençalo,
la
nation
pro¬
vençale
;
queto nacioun,
quno
naciéu de
moûnde (1.)
!
quelle
espèce
de
gens
!
Papa
Clement
que
per
nation
es nascut
de Sant-
Gily.
cout.
de
s.
gilles.
Le corps
des
étudiants
des anciennes
uni¬
versités de
Montpellier
et
d'Aix
en
Provence
se
divisait
en
trois
nations,
les
Provençaux,
les
Catalans
et
les
Bourguignons.
«
Ce
sont
les
trois
qui
composaient
en
deçà
des
monts
l'an¬
cien royaume
et comté de
Provence.
»
(De
Haitze).
1...,1593,1594,1595,1596,1597,1598,1599,1600,1601,1602 1604,1605,1606,1607,1608,1609,1610,1611,1612,1613,...2382
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