s
S,
s.
m.
et
f.
S,
dix-neuvième
lettre de
l'alphabet,
que
l'on
épelle
èsse
ou
èsso
(esp.
ese,
it. esse),
sinuosité,
cheville
de fer,
v.
èsse.
A
Marseille
et
dans
la
Provence
orientale,
l's
se
permute
en v
lorsqu'il
est
placé
entre
deux
voyelles
:
ausi, auvi,
causo,
cauvo,
pausa, pauva,
graso, gravo,
gausimen,
gauvimen,
clausisso,
clauvisso,
peresous,
perevous,
famouso,
famouvo.
Souvent
mê¬
me
il y
disparaît,
lorsqu'il
se
trouve
à
la
der¬
nière
syllabe
:
fielouso,
fielouo,
urouso,
urouo,
gratuso,
gratuo,
pereso, pereo.
Les
Béotiens
disaient aussi
/«ouà
pour
noua*.
A
Toulouse,
au
contraire,
pavimen
devient
pasimen.
S
se
permute
parfois
en
f:
marsi, marfi,
mèusso,
mèufo,
mousso,
moufo,
sinfòni,
fanfòni,
souroupa,
fourrupa.
S
se
permute
en
d,
à
Bordeaux
:
cousino,
couclino,
dises,
dides,
crese,
crede,
susa,
suda,
lusi, ludi. De
même
en
latin
lampas
devient
lampadis,
et
en grec
6áXza<m
devient
6(kXc<
TTC*.
S
se
permute
en r
dans
l'intérieur
de
cer¬
tains mots,
en
Limousin
:
abisma,
abirma,
chastra, cliartra, escolo,
ercolo,
escoubo,
ercoubo, esvali, ervali. A
Arles
on
dit de
même
ôumorno
pour
óumosno, et
à
Cannes
vesèr
pour
vesès.
Par
contre,
du côté
de
Crest
(Drôme)
et
de Mens (Isère),
l'ancien
r
des
in¬
finitifs s'est
permuté
en s,
et
l'on
y
dit
:
anas,
trouvas,
venis
pour
ana,
trouva,
veni.
S initial
devient
souvent
ch,
dans la
Gas¬
cogne
et
le Béarn
:
segui,
chegui,
sièula,
chièula, sieissanto, chichanto.
En Auvergne
et
partie du Limousin l's initial
et
géminé
prend
généralement
le
son
du ch
français.
«
Cet usage
auvergnat
de
chuinter
est
un
reste
d'un usage
immémorial
provenant
du
gaël, qui
a concouru
à la
formation delà
lan¬
gue
anglaise, où
on
le
retrouve
aussi.ï
(F.
Mal-
val). Les
Attiques disaient aussi
çùv
pour
oùv.
L's
accompagnant
e se
change
en
i devant
une
consonne,
dans les
Alpes,
le
Dauphiné
et
le Limousin
:
esfloura,
eifloura
,
estat,
eitat,
escupi, eicupi, desgarni, deigarni,
desmarca, deimarca, b'esiio, b'eitio,
mes¬
tre,
mèitre. Dans le nord
du
Dauphiné,
il
tombe devant le t
:
gasta,
gata,
gousta,
goû¬
ta,
f'esto, f'eto.
En
Languedoc
et
dans la Drôme, l's
se
change
en
i devant
une consonne,
dans
les
articles
et
pronoms
tous, las,
mous
tous,
sous, mas,
tas,
sas :
loui loups,
les
loups,
lai
terros,
les
terres,
moui
paires,
mes
pè¬
res,
tout
cats,
tes
chats, soui bes,
ses
biens,
mai
sorres, mes
sœurs,
tai
fenèstros,
tes
fenêtres,
sai
perlos,ses perles. On dit
aussi
:
levai-vous,
perclounai-lous,
pour
levas-
vous,
perdounas-lous, de poulidoi dents
pour
dep>oulidos dents, de soulidei gafous
pour
de soulides
gafous, erei sourtit
pour
ères
sourtit. A Aix
on
dit lou
poui
nàu
pour
lou pous
nòu,
doui
mes
pour
dous
mes,
douei
fremo
pour
doues
fremo,
lei trei
sau-
tet
pour
lei
tres
sautet,
trei
coup pour
tres
coup.
En
Provence
on
dit aussi ei
brave,
ei
vengu,
pour
es
brave,
es
vengu.
C'est
cet
adoucisse¬
ment
de l's
en
i
qui
a
produit
les pluriels
provençaux
:
de
bèlleigarbo
ou
de
bèlli
gar-
bo pour
de
bellos
garbos,
aquèlei loup
ou
aquéli
loup
pour
aqueles
loups.
Dans le
haut
Languedoc,
le Querci
et
le
Dauphiné, l's de
la
fin des
mots
devient
pres¬
que
toujours
i
:
coumprenes,
coumprènei,
tu
comprends, aubres, àubrei,
arbres,
en
belloi
letroi
d'or,
en
belles lettres
d'or,
mies,
miei, mieux,
tres, trei, trois.
Le haut Limousin
a
horreur de l's final
même devant les
voyelles
:
vou-autre
pour
vous-autre, ta
ow/Aapour
tas
oulhas.
La
lettre
s
est
le
signe du pluriel dans les
Alpes, les Pyrénées,
le
Languedoc, la Gasco¬
gne,
la
Guienne
et
plusieurs
autres
provinces
du
Midi.
Mais
ce
signe
est
tombé
en
désuétude
dans la
Provence, le
Vivarais,
le Limousin
et
la
Limagne. En
Provence,
de Montélimar à
Nice, le,s
mots sont
invariables,
et
la diffé¬
rence
n'est
marquée
que par
les articles
ou
pronoms :
la
terro,
li
terro,
l'erbo, lis erbo,
lou
bèn, libèn, l'orne, lisome,
mounpaire,
mi
paire, aquêu
tèms,
aquéli
tèms.
Cependant,
lorsqu'un substantif pluriel
commençant
par une
voyelle
est
précédé
par
un
adjectif qualificatif,
ce
dernier prend
un
s
euphonique
: un
bel
ase,
de beus
ase,
unbon
ami, de bons
ami,
unbrave
ome,
de bràvis
ome, uno
grando
amo,
de
gràndis
amo.
A
Nice
on
dit
pourtant
:
de fièri
armado
au
lieu
de
fièris
armado, de fières
armées,
v.
à
la
lettre
I.
Le
poète
Goudelin, quoiqu'il emploie l's
généralement,
a
omis
cette
lettre à la rime
dans le
quatrain suivant':
La filho d'un boun artisan
Porto de
perlo de-tout bello,
De
gants
à la modo notibello
E de
fin
or
un
gros carcan.
L'ancienne
règle grammaticale,
d'après la¬
quelle les
Troubadours
distinguaient
le
sujet
du
régime
par
l'addition d'un
s
final
au
nomi¬
natif
singulier
et
aux cas
obliques
du pluriel
et
par
la
suppression
de
cette
lettre
aux
cas
obliques
du
singulier
et
au
nominatif pluriel,
paraît
trop
compliquée
pour
avoir
jamais
été
absolument
populaire. Oïl
retrouve
cependant
en
Languedoc quelques
formes
qui
s'y
rap¬
portent,
telles
que
Dièus, clilus,
degus,
pour
Dieu, dilun,
degun.
Dans le
Diois
on
dit
aussi
un
moutous
pour un
móutoun.
En Limousin
et
sur
la rive
gauche du
Rhône,
l's
des secondes personnes
du
pluriel des
ver¬
bes
et
de
quelques participes
et
subjonctifs
ne
se
prononce pas
toujours. Ainsi
on
dit
souvent
:
ana, venc,
pour anas,
venès,
et
pre,
soumè,
remè,
pour pres,
soumès remés,
comme
bra,
ma,
travè,
pour
bras,
mas,
traves. Dans le
Comtat-Venaissin
on
dit
anarè,
vendré,
pour
anarés,
vendrés.
Du côté de
Vence,
on
termine
par
un s
les
adverbes
en
men :
douçamen, douçamens,
sensiblamen, sensiblamens.
S'
s'emploie
pour
se, se,
et
pour
se,
si, de¬
vant
une
voyelle
:
s'ama,
s'aimer, s'arribo,
s'il arrive.
'S
représente
l'élision de la syllabe
es :
acò
's
verai pour
acò
es
verai,
penso
qu'à
's-
pargna pour espargna.
'S
remplace
en
Languedoc l'article les,
quand
ce
dernier
est
placé
après
une
voyelle
finale
:
coumo
's
autres,
comme
les autres,
se
(reto
's
pots, il
se
frotte les lèvres.
En
Béarn
on
dit
et
on
écrit
:
miralha-s pour se
miralha, tiene-s
pour
se
teni,
escalouri-s
pour
s'escalouri.
S.
s'emploie
comme
abréviation
de
sant
:
S. Pèire
pour
sant
Pèire.
SA, so
et
SOüO
(Iim.),
(rom.
soa,
cat.
esp
sa,
it.
lat.
sua),
pron. poss.
f.
s.
Sa,
v
sièu-
no
;
leur,
v.
tour.
Sa
maire,
sa
mère,
leur
mère
; sa peno
sa
peine,
leur peine
;
n'i'a
pas
sa
plus
bello'
il
n'y
en
a
pas
de plus
belle
qu'elle
;
fai
sa
sabènto,
elle fait la
savante.
Sa
devient
soun
devant
une
voyelle
: soun
erbo,
son
herbe;
soun-amigo,
son
amie.
Les
Gascons disent
s'ajudo
pour
soun
ajudo.
Sa,
au
pluriel,
devient
si,
sei
(m.),
pour
les deux genres,
et
sis,
seis
(m.),
devant
une
voyelle.
Les
Languedociens
disent
sas
au
féminin
pluriel,
v.
si.
A
Grasse
et
à
Castellane
on
emploie
sa
pour
la
: sa
mastro, la
huche,
v. sou.
sa, sac
(1.
g.
nie.),
sat
(d.),
(rom.
cat.
sac,
esp. saco,
port.
it.
sacco,
lat.
saccus),
s.
m.
Sac,
v. camaro
;
cilice,
vêtement
grossier
;
saccageaient,
v.
bassa,
saco
; mesure
de
ca¬
pacité
usitée
pour
les
céréales,
équivalente
à
huit
décalitres,
en
Gascogne.
Sa
carbouniè,
sac
à charbon
;
sa semen-
ciè, semoir';
sa
farniè,
sac
à farine
;
sa
four-
niè,
sac
à
pain
;
sa
gourgiè,
sac
à
large
gueu¬
le;
sa
de
blad,
sac
de
blé;
sa
de
nue,
sac
de nuit
;
sa
d'escut,
sac
d'écus
;
sa
de
vérin,
sac
à
malice
;
sa
de
vin,
sac
à
vin,
ivrogne
;
sa
trauca,
sac
percé,
pro¬
digue;
sa
mau-plen,
personne
insatiable;
liame
de
sa,
cordon
d'un
sac;
goulo
ou
gorjo
de
sa,
gueule
d'un
sac ; sessoun
ou
gueiroun d'un
sa,
coin d'un
sac
;
founs
de
sa,
fond de
sac ;
cuou ou
quièu-cle-sa,
cul-
de-sac
; courre
clins lou
sa,
course
en
sac,
divertissement usité
dans
les fêtes de Pro¬
vence
;
douna
soun
sa en
quaucun,
congé¬
dier
quelqu'un
;
faire
soun sa,
s'en aller;
teni lou
sa,
être complice d'un
vol
;
avé
lou
mourre
dins lou
sa,
être à bouche
que
veux-tu?
metre
la testo
dins
lou
sa,
réduire
a
merci
;
à
tiro-bouto-au-sa,
à
foison,
à
qui mieux mieux
;
un
copo-tèsto-bouto-au-
sa, un
terroriste
;
semblo
qu'avès
un sa
cle
gàrri,
se
dit d'un
enfant qui
remue sans
ces¬
se,
d'une compagnie
difficile
à maintenir
;
toumba
counie
un sa
de
cuié,
coume
un sa
de
blad,
coume un sa
de terro,
tomber lour¬
dement.
prov.
Aquéu
que
fai granié
d'un
sa
N'a besoun de chin ni de
cat.
—
L'on
pòu tira
d'un
sa
Que
ço
que
i'a.
—
Noun
pòu
sourti dóu
sa
Que
ço que
i'es intra.
—
Vau pas
mai aquéu
que
tèn
qu'aquéu qu'emplis
lou
sa.
—
D'un
sa
carbouniè
noun
pòu
sourti farino
blanco.
—
Dins
un
sa
trauca
Té
pòu rèn
ana.
—
Quand
se
vend bèn lou
blad,
Lou
sa
's
à
bon
marcat,
quand le blé
se
vend bien, le
chanvre
est
à
bon
marché.
Sa
pour sap
(sapin)
;
sa pour
sap
(il sait)
;
sa
pour san
(sain)
;
sa pour sau
(sel)
;
sa
pour
ça
(céans)
; sa pour
ço
(ce)
;
sa pour
la
(article),
v.
sou ;
sab
pour
sap,
saup
(il
sait),
en
Guienne.
saba, sava
(for.),
v. n.
et
a.
Être
en
sève,
monter
en
sève;
se
détacher aisément,
en
par¬
lant
de
l'écorce
d'un
rameau en
sève,
v.
des-
saba
;
frapper
un rameau
qui
est
en
sève,
n
—
104
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